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Si vous n'avez pas lu les parties précédentes c'est par ici :

- Partie 1

- Partie 2

- Partie 3

 

Il n’en pouvait plus. Il courait tout le temps après quelque chose. Mais là c’était différent. Il courait après un fragment de sa vie, peut-être même après le reste de sa vie. Il avait ce pressentiment, cette sensation que peu d’entre nous auront ou n’ont eu la chance de connaître, le sentiment de pouvoir atteindre son but le plus cher. Il agitait son bras de toutes ses forces en espérant que le chauffeur puisse le voir. Quand il vit les freins rougir, son cœur commençait déjà à ralentir et il sourit. Il était essoufflé mais soulagé. Il savait que s’il n’avait pas ce taxi, sa chance s’en allait. La voiture était désormais immobile. Il levait maintenant les yeux au ciel. Il ne savait pas qui remercier. Dieu ? Le destin ? Lui-même ? Il pencha pour lui-même. Il approcha et ouvrit la portière.

 

-         - Merci, monsieur, je ne saurais pas comment vous remercier !

-         - Je vous en prie. Où allez-vous ?

-         - Place de mexico. Précisément, à l’angle de la rue des sablons et de la rue d’Eylau, s’il-vous plait.

-         - Place de mexico. C’est parti.

 

Il n’y croyait pas. C’était fini, il l’avait vu dans ce rêve. Dans quelques minutes, ils se seront retrouvés et ce pour l’éternité. Il jubilait. Etant à trois minutes, il était certain qu’il serait tout juste à l’heure et que Charlène ne pourrait pas lui en vouloir. Il se répétait les milliers de mots doux qu’il voulait lui dire. Les souvenirs qu’il voulait lui remémorer. Il agitait sa main dans sa poche à la recherche du bijou. Il savait qu’elle lui en voulait mais il était certain qu’elle ne résisterait pas à un tout plein de romantisme. Il sortit la bague de sa poche. Elle scintillait. Soudain, une lumière plus éblouissante encore que celle que reflétait le saphir le surprit. Il tourna la tête pour voir d’où elle venait. Son sang ne fit qu’un tour. Un camion fonçait sur eux. Il était déjà trop près. Tout semblait pourtant se ralentir comme si l’accident ne devait jamais arriver. Il avait la sensation d’avoir le temps de crier et le temps de transpirer. Et pourtant, la voiture fut frappée de plein fouet en une fraction de seconde.

 

L’instant suivant, il était toujours conscient. Sa jambe lui faisait mal. Elle picotait. Mais son dos, son dos n’avait rien. Il se sentait même dans une position confortable. Il se levait doucement. Tout était noir autour de lui sauf un fin rayon de lumière qui semblait surgir de nulle part. Il n’entendait ni un cri, ni une sirène de pompier. Il passa sa main sur son visage, il était dégoulinant. Il lui sembla que son nez saignait mais ne voyant rien il ne pouvait l’affirmer. Il entendit un bruit de serrure suivi de quelques pas et soudain la lumière jaillit de toute part. Il était ébloui. Sa vue s’accommodait doucement quand il entendit :

 

-         - Hep Juju t’as dormi plus de 13 heures. Il est temps de se lever. La vie continue mon gars.

 

Tout s’effondrait autour de lui. Il comprit. Il avait refait le film de sa vie avec elle. Jusqu’à la veille au soir où il était arrivé en retard les mains dans les poches et rien dans les poches… Il s’effondra de nouveau sur le canapé et laissa sa tête frapper contre l’accoudoir. Il se sentait coupable. Il avait tout gâché. Il passa de nouveau les mains sur son visage et comprit que ce qu’il avait pris pour du sang était en fait des larmes. Des larmes de regret. Sur la table basse son téléphone vibra. Il se leva de nouveau, se frotta les yeux et prit son portable qui indiquait deux nouveaux messages.

 

Le premier était un message de son frère :

 

Salut Frérot, j’ai vu que t’avais essayé de m’appeler hier soir.

Rappelle-moi dans l’après-midi, je serais dispo. Bisou.


Le second de… de Charlène. Son cœur s’accéléra. Il transpirait. Il cliqua sur Lire.

 

Julien, j’ai rêvé de nous. Tu te rappelles la première lettre que tu m’as écrite quand je suis partie aux USA juste après notre rencontre ? Tu l’avais terminée par ces mots :

« J’ai rêvé toute ma vie d’avoir rendez-vous avec le bonheur et je t’ai rencontrée. »


Il éclata en sanglot. Il s’en voulait tellement. Il se frappait la paume de la main sur le front lorsque son téléphone sonna. C’était elle.

 

 

Elle rêve, lui songe. 2012

Tag(s) : #Bouillons de Papiers, #Une vie la nuit
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